Musa Nuit ⟡ Minia Biabiany
Publié dans Espace Art Actuel, «Sortir, n°127, janvier 2021
Extrait
« En réalité, le passé nous accompagne vers le futur. C’est dans cette tension que le travail de la mémoire s’accomplit; fil conducteur d’une conscience qui, à mesure qu’elle progresse, se souvient aussi du chemin. C’est en retraçant les lignes des vies passées que nous trouvons notre chemin1. »
Dans l’espace diaphane de la Verrière, l’exposition Musa Nuit est scindée délicatement par de nombreux fils de coton étirés du sol au plafond. Presque imperceptibles, ces brins de matière ainsi disposés par l’artiste Minia Biabiany nous convient à la rencontre d’une histoire de filiation, par le biais d’une réflexion sur l’identité et la sexualité de la femme guadeloupéenne. Dans l’installation, mêlant vidéos et sculptures, l’enjeu de cette investigation sur l’histoire du colonialisme à travers l’objet du corps ne réside pas dans la dénonciation, mais « dans une reconnaissance face à soi-même », permettant « de comprendre son identité à la fois comme une condition non figée et un sujet du travail artistique », explique l’artiste2.
Minia Biabiany, Musa nuit, 2020. Vue partielle de l’exposition. Photo : Isabelle Arthuis/Fondation d’entreprise Hermès
* Exposition à La Verrière, Fondation d'Entreprise Hermès, Bruxelles, 27 juin - 5 septembre 2020
1. Tim Ingold, Une brève histoire des lignes, Bruxelles, Zones sensibles, 2019 [2007].
2. « Énoncer, incarner, soigner », entretien avec Minia Biabiany et Stéphanie Melyon-Reinette par Guillaume Désanges, Le Journal de La Verrière, no 23, juin 2020.